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Echos du terrain: Améliorer l'éducation et les programmes de formation destinés aux prestataires de santé maliens

« L’approche basée sur les compétences plaît aux enseignants et aux apprenants. Elle place les étudiants au centre du processus d’apprentissage et leur donne la possibilité de chercher eux-mêmes les réponses à leurs questions, » explique Mohamed Salia Maiga, Directeur des études à l’Ecole des infirmiers de Gao au Mali (EIG). « C’est un processus interactif qui aide les étudiants et les enseignants à avancer facilement. »

Le faible accès à des services sanitaires de qualité au Mali est dû à plusieurs facteurs. L’un d’eux réside dans le fait que le système de formation initiale ne prépare pas les prestataires de santé de manière adéquate. Pour garantir un meilleur accès à des services de soins de qualité au cœur des trois régions du nord les moins bien desservies, le Projet Capacity, dirigé par IntraHealth et financé par l’USAID, a donc renforcé les modes d’enseignement de cette école d’infirmiers privée.

Dotée de plus de 350 étudiants, l’EIG forme des agents sanitaires amenés à œuvrer dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou. Le Projet a contribué à la révision des curricula en vigueur dans cet établissement en utilisant la méthode d’apprentissage axée sur la performance (AAP), qui relie la formation à des responsabilités et des compétences professionnelles spécifiques dont les étudiants auront besoin par la suite.

« Les étudiants étaient habitués au cours magistraux. Tu viens, tu dis ce que tu as à dire et, à la fin, tu leur demandes s’ils ont des questions, » souligne Maiga. « Cette approche n’était pas dynamique. »

L’approche AAP raccourcit, en outre, la durée requise pour la formation en se focalisant sur l’apprentissage par l’étudiant des compétences essentielles – dans le cas présent, celles dont il aura besoin pour travailler dans un hôpital, une clinique ou un centre de soins communautaire. L’AAP permet également d’améliorer la performance au travail en enseignant des éléments pertinents liés à des responsabilités spécifiques.

Ainsi, IntraHealth a recouru à l’AAP afin de concevoir et de mettre en œuvre des formations destinées à un large éventail de prestataires – allant des relais communautaires aux infirmières et médecins professionnels – dans les secteurs public et privé et rattachés aux organisations non-gouvernementales. Par exemple, en Tanzanie, l’AAP a été utilisée dans le cadre de la révision du curriculum national des services de conseil et de dépistage du VIH/SIDA initiés par le prestataire. Au Népal, cette approche a également permis de revoir les programmes de formation initiale et continue destinés aux médecins et aux infirmières amenés à exercer comme accoucheurs qualifiés.

De plus, en étroite collaboration avec l’EIG, le Projet Capacity a introduit une version française du guide et du manuel d’Apprentissage axé sur la performance. L’AAP a ensuite servi à finaliser les modules relatifs à la planification familiale, à la santé de la reproduction et à la santé infantile – qui revêtent une importance particulière au vu des taux de mortalité maternelle et infantile élevé dans ces régions – pour le curriculum de l’EIG, ainsi que pour les curricula développés par les projets Assistance Technique Nationale Plus et Keneya Ciwara, tous deux financés par l’USAID et auxquels prend part IntraHealth.

Maiga a apprécié la nature hautement participative du processus qui a permis d’inclure les apprenants, les formateurs, les anciens étudiants et les responsables de l’école. Il ajoute que le corps enseignant a fait preuve d’un tel enthousiasme que les professeurs ont mis sur pied des groupes de travail devant s’atteler au changement des autres modules en ayant recours à la même approche.

Un des résultats les plus encourageants de l’utilisation de l’AAP est que les programmes de formation sont à présent standardisés, alors qu’auparavant le contenu du module variait d’un professeur à un autre. D’après Cissé Adiza, sage-femme et tutrice à l’école, « par le passé, chacun avait sa propre façon de procéder. »

Par ailleurs, la supervision des stages cliniques s’est améliorée. Cissé reconnaît qu’avant l’AAP, « il n’y avait pas autant de supervision. La supervision consistait simplement à vérifier si les étudiants étaient bien là. » Maintenant, dit-elle, les tuteurs travaillent avec les étudiants en utilisant des formulaires d’évaluation pour garantir que les procédures sont exécutées correctement.

« Les étudiants sont davantage impliqués dans ce qu’ils font, » ajoute Maiga. « Et une véritable attention est portée sur l’aspect pratique des choses (…) Cela permettra de renforcer les compétences de nos agents sanitaires, en particulier dans les trois régions du nord. »

En outre, le Projet Capacity a évalué les modules sur la survie de l’enfant et la santé de la reproduction récemment développés en testant les connaissances des étudiants avant et après la formation. Ainsi, le score moyen des sages-femmes au pré-test était de 51% contre 66% après la formation. Pour les infirmières obstétricales, les résultats sont passés de 31% à 52%. D’autre part, les étudiants de l’EIG ont obtenu des notes plus élevées que ceux des autres écoles n’ayant pas recouru à l’AAP.

Grâce à cette évaluation positive, les enseignants de l’EIG ne se contentent plus de former les sages-femmes et les infirmières obstétricales de ces régions. Ils sont notamment parvenus à former 45 infirmières en santé publique au cours de sessions intensives de deux semaines.